sil ny a rien a foutre
louise brooks 9
Nous vivons dans l'oubli de nos métamorphoses
- Paul Éluard

égaré(e)
naviguant une percée de soleil
je rampe langoureusement
vers le nuage pendu
haut et court
à la nef de mon esprit
les temps s'ébrouent me font défauts
dans ma mémoire dans ma mémoire
les dés monochromes sont démaquillés
il faut retrouver Louise
celle qui a écimé mon coeur
d’un affolement machinal
et parsemé ses restes incristallisables
aux poussières humides des astres
ne reste qu’un souvenir bouilli
une facture et un ragot périmés
un sens unique une route à la charpente du ciel où
se désastrent toutes marges temporelles
mais quand

la jeune nymphe éperdue
serpentine sur les vents passéistes
qui débordent de l’espace
le cadre imaginaire de ma recherche
est-ce la minerve des dieux qui m’imprime des préavis?
je m’éjacule charnel vers l’interrogation

elle approche…
direction harmonique à la mienne
L'ellipse frappe, se prête l'oreille
à même le sol et…

tissé à mon nuage mamelonné surpris
un coup de la foudre la lolita
achoppe à ma réjouissance hé! je vacille dans
ma conscience incurable de ses souvenirs

l'heure et les éternités flottent
face aux desseins impénétrables de la folie
(je prends garde)

mais

je l’ai déviergée
barricadée derrière mille mètres de gêne
vestale salubre de beauté
chanson floue d’auréoles
- à cette vision ces mots se placent devant ma mémoire
«elle vit un art d’approche si pur qu’il est invisible»*
vrai

je l’épouserai en fin
avec toute l’ivresse du corps
sans rien attendre
(et quand les lèvres sont notre premier contact je)

il se vit un interlude
«effeuille-moi le coeur»** elle supplie
glissant son frêle corps vers une autre percée de l’astre
à l’opposé de mon champ d’exploitation sentimentale
brochée à mon être
comme une nouvelle gamme budgétaire d’émotions
subsiste dans le couloir de mes innocences
l'approche sensible la cannibale de passion
pour cette sirène picotée d’attributs physiques
maçonnés coagulés
par les esprits fous de la céleste villégiature
le quorum éternel asémantique dans ses désirs

voguant à fière allure vers elle j'aperçois
la nymphe noétique? qui submerge
d'une cascade solaire Louise?
coloriant les voiles de l’atmosphère
capturant mon amour oblatif
en combustion dans l’arène de mon imaginaire frigide
(l'inauthentique dans la nécropole fumante
d’orages diaphanes)
à la croisée d’un cirrus maternel,
au bout d'un chemin de croix
jambes croisées bras ouverts
elle s’ellipse comme l’étoile filante
me reste la poterne de ce pâturage
perdu au zénith des frontières d’Olympe
(pâturage exhalant les lilas pour mieux camoufler
le tracé de l’Amour)

je stationne métamorphosé en sentiment de culpabilité
pleure les émotions jugulées de mon coeur
pour cultiver les idées asservies par cette esclave de l’empyrée
- c’est peine perdue

comprendre pourquoi je me crée des amourettes célestes
sur un plateau de nuages est la conséquence méritée
d’une catastrophe préraphaélite…
une jolie opérette wagnérienne garnie à rebords
d'une bibliothèque de mensonges

Louise est mortelle je m’effeuille d’ennui
monde falsifié monde mal perché
tombe tombe sur la…
l’image instantanée de celui-ci me revient aujourd’hui
tel un brouillage cinématographique un fondu
(le cinéma paradisiaque?)

il n’y a plus rien à t'espérer? ici,
à te croire à te vivre sur nos nuages? comme ça,
sauf la b solution? à désespérer
à ce moment-là
suivent les sommaires hésitations
où je te suicide ma vie
[…] Louise…


Nous sommes corps à corps nous sommes terre à terre
Nous naissons de partout nous sommes sans limites
- Paul Éluard




© 1991 ronald mc gregor.


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